La question du jour : vaccin HPV et purpura rhumatoïde
Une fille de 11 ans a déclaré un Purpura Rhumatoïde (PR) 72h après la vaccination par Gardasil 9. Elle avait eu une grippe 4 semaines plus tôt. Sa jumelle homozygote, vaccinée également, n’a pas eu de PR.
Y a t-il un lien de causalité entre le Gardasil et le PR ? Doit-on poursuivre la vaccination ?
La réponse Infovac : Le PR est la vascularite la plus fréquente chez l’enfant, avec une incidence de 10-20 cas/100 000 et un pic d’incidence à 70 cas/100 000 dans la tranche d’âge 4-6 ans. L’évolution est favorable avec guérison complète en 4 semaines dans la majorité des cas. 20 à 55% des enfants ont une atteinte rénale mais <1% aboutissent à une insuffisance rénale terminale.
La cause du PR reste inconnue.
Une relation temporelle entre PR et vaccination a été rapportée avec les vaccins contre le méningocoque C, le méningocoque B, le pneumocoque, l’hépatite A, l’hépatite B, la grippe, la rage et les vaccins ROR et BCG, mais la relation de causalité n’est le plus souvent pas établie, notamment pour le méningocoque (Goodman MJ et al Pediatrics 2010). Il n’y a actuellement pas de cas rapporté après vaccination contre les papillomavirus et le délai est ici trop court pour incriminer la réponse immune au vaccin HPV.
Une étude cas-contrôle multicentrique italienne, ayant inclus 288 cas de PR et 617 contrôles (pathologie digestive) durant la période 1999-2013, retrouve une augmentation du risque de PR (OR 3,4 ; 95%CI 1,2-10) dans les 3 mois suivant la vaccination ROR (sans augmentation du risque avec DTCoq ou autres vaccins). Il faut noter que le nombre de cas post-ROR était seulement de 8 dans le groupe PR (et de 6 dans le groupe contrôle) sur cette période de 14 ans. Devant le risque très faible de PR après ROR en valeur absolue, les auteurs ne remettent pas en question le rapport bénéfice/risque de cette vaccination (Da Dalt et al. Italian Journal of Pediatrics 2016 ;42:60).
Le risque de PR après la vaccination contre le méningocoque B avec le vaccin néozélandais OMV spécifique de souche (OMV inclus dans la composition de Bexsero) a été étudié à travers un suivi prospectif actif. Durant la période de surveillance de 16 mois, 534 000 doses vaccinales ont été administrées à des enfants âgés de 6 semaines à 10 ans. Pendant cette période, 39 cas de PR ont été identifiés dont 25 chez des enfants ayant reçu le vaccin méningococcique B. Sur les 25 cas vaccinés, 7 n’avaient pas reçu le schéma complet et n’ont pas fait de rechute lors des doses suivantes. Au total, cette étude n’a pas montré d’augmentation du risque de PR dans les 30 jours suivant la vaccination méningo B (OMV) ni de rechute chez les enfants ayant reçu une ou plusieurs doses après le diagnostic de PR (Sexton K, et al. Arch Dis Child 2009;94:224–226).
Une revue de la littérature publiée en 2016 (Bonetto C, Vaccine) n’établit pas de lien causal entre vascularites (dont purpura rhumatoïde) et vaccinations (6 études rétrospectives/onservationnelles, 2 essais contrôlés randomisés, 7 revues, 11 séries de cas, 46 cas cliniques).
Au final, cette vascularite ne constitue pas une contre-indication vaccinale. Il suffit, comme pour la majorité des maladies à participation immunitaire, de proposer la vaccination à distance de la poussée, mais il n’y a pas d'argument pour interrompre le schéma de vaccination. La survenue d'une nouvelle poussée, que l'on ne peut exclure compte tenu de l'évolution de cette maladie, ne signifiera pas relation de cause à effet. Il est certainement important d'en avertir les parents.
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