Bulletin n°5 Mai 2023
A l’occasion de la Semaine Européenne de la Vaccination (SEV), du 24 au 30 avril 2023, Santé Publique France a mis à disposition de nombreux outils pour promouvoir la vaccination auprès du public et des professionnels de santé. Après la pandémie, l’adhésion à la vaccination poursuit sa hausse. En 2022, 84,6 % des personnes interrogées en France métropolitaine déclaraient être favorables à la vaccination en général, chiffre en hausse comparativement à 2021 (82,5%). Quelques mois après le remboursement du Bexsero®, près de la moitié des enfants ont reçu une dose avant l’âge de 8 mois. La couverture vaccinale contre HPV chez les filles à 15 ans approche 50%. Malheureusement, la couverture vaccinale des garçons à 15 ans n’atteint pas encore 13%. La SEV sera déclinée par les différentes ARS avec des manifestations dans les régions. Deux problèmes majeurs subsistent :
- Le premier, et le plus important, est l’insuffisance des couvertures vaccinales chez les filles et les garçons contre HPV. Un effort considérable de communication des autorités de santé est indispensable, de même que l’élargissement des lieux où le vaccin est disponible.
- Le second est l’ajout au calendrier vaccinal des vaccins contre le méningocoque B et rotavirus, qui crée à nouveau deux ’niveaux’ de vaccins : des vaccins obligatoires et des vaccins recommandés. Les nouveaux vaccins sont recommandés et donc remboursés, mais sans obligation comme les autres vaccins du nourrisson (l’obligation nécessitant un nouveau vote au parlement, processus long et compliqué). De nouveau, les parents s’interrogent entre vaccins obligatoires et recommandés. Les deux types de vaccins sont aussi importants pour la santé de leurs enfants et pris en charge par l’assurance maladie à 65%, les mutuelles ou la CMU prenant en charge les 35% restant.
Aujourd’hui les recommandations vaccinales doivent prendre en compte non seulement les risques de décès et de séquelles graves, mais aussi ceux de séjours en réanimation, soins intensifs, hospitalisations ainsi que les conséquences sur le système de santé. La pandémie COVID-19 a laissé le système de santé exsangue tant en ce qui concerne la disponibilité des lits d’hospitalisations, des urgences (saturation et augmentation des délais d’attente) et prise en charge des soins non programmés à l’extérieur de l’hôpital. Ceci a deux conséquences :
- La vaccination contre les maladies à fort impact sur le système de santé (rotavirus, grippe) est maintenant incluse dans le calendrier des vaccinations 2023. En effet, la vaccination annuelle contre la grippe saisonnière est ouverte aux enfants sans comorbidité âgés de 2 à 17 ans révolus. Malgré cette recommandation, du fait de l’absence de disponibilité du vaccin vivant nasal, les conditions ne semblent pas réunies pour une mise en place efficace dès cet hiver.
- Les maladies infectieuses dont la prise en charge est urgente risquent de pâtir des difficultés des services d’urgence (infections invasives à méningocoques par exemple).
Le calendrier vaccinal officiel 2023 en France est disponible. Depuis quelques mois et années, les recommandations vaccinales officielles se rapprochent de ce calendrier vaccinal élargi que proposait Infovac depuis plusieurs années. Malgré ces progrès indiscutables, d’autres vaccins utiles et complémentaires ne le sont pas encore, alors qu’ils sont préconisés dans plusieurs pays entourant la France, notamment ceux contre les infections invasives à méningocoques A-C-Y-W et varicelle. Infovac les conseille dès maintenant (Calendrier Vaccinal InfoVac 2023) pour les médecins et les parents qui veulent une protection optimale pour les enfants et les adolescents.
- Depuis quelques années, l’incidence des infections invasives à méningocoque W augmentait dans de nombreux pays européens dont la France, notamment chez les adolescents. Depuis l’automne 2022, à la suite du COVID et du fait de la dette immunitaire, une augmentation impressionnante de l’incidence des IIM Y et W a été rapportée par le Centre National de Référence, justifiant une vaccination au moins pour les adolescents. Les vaccins conjugués ACYW offrent une protection optimale individuelle et collective, prolongée dans le temps. Nul doute que la HAS les recommandera rapidement.
- La varicelle provoque tous les ans (données de Santé Publique France) plus de 700.000 consultations, 3 000 hospitalisations et une vingtaine de décès. Le poids sur le système de santé n’est pas négligeable, et il est souvent impossible pour les cliniciens de faire le diagnostic de surinfections bactériennes des lésions de varicelle. Ces surinfections peuvent être graves et d’évolution rapide, notamment quand le streptocoque du groupe A est impliqué.
De nouvelles fiches « InfoVac » sont maintenant disponibles : rattrapage vaccinal et vaccination de la femme enceinte.
Robert Cohen, Franck Thollot, François Vie le Sage, Olivier Romain, Odile Launay, Maeva Lefebvre, Pierre Bakhache, Pierre Bégué, Véronique Dufour, Joël Gaudelus, Marie-Aliette Dommergues, Hervé Haas, Isabelle Hau, Georges Thiebault, Didier Pinquier, Catherine Weil-Olivier, Claire-Anne Siegrist.
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