Bulletin n°4 Avril 2022
Après la vague Omicron BA1, celle du BA2 déferle en France et dans le monde. Elle se répand rapidement et particulièrement chez les enfants, soit parce qu’une proportion importante d’entre eux n’a pas encore été infectée, soit du fait d’une immunité incomplète et/ou de courte durée du BA1. Cependant, le retentissement hospitalier de la vague BA2 est moindre, du fait de la protection contre les formes graves induite surtout par la vaccination et des infections antérieures. Des études récentes confirment que les sujets les mieux protégés sont ceux qui ont été vaccinés ET ont contracté la maladie (immunité hybride), quel que soit l’ordre de la séquence. L’épidémie de BA2 a eu des conséquences considérables en termes d’incidence, hospitalisations et mortalité dans des pays comme Hong Kong ayant tenté d’appliquer une politique de « Zéro COVID » (peu de gens immunisés naturellement) et à faible couverture des populations à risque, avec de surcroit des vaccins inactivés moins efficaces. Une étude danoise montre que les sujets infectés par BA1 sont protégés en partie contre BA2 (fréquence et gravité) dans les 2 mois suivant l’infection. Enfin, plusieurs études soulignent que chez les patients non vaccinés et non préalablement infectés, l’infection par Omicron ne suscite pas d’anticorps neutralisants à titres élevés contre les variants antérieurs. De nouveaux variants recombinant notamment entre delta et BA1, BA1 et BA2 se profilent, laissant craindre un échappement à l’immunité induite par les vaccins et/ou les infections précédentes.
De nombreuses données, contradictoires en apparence, ont été publiées sur les COVID de l’enfant :
- Avant Omicron, l’infection à SARS-COV-2 semble induire moins d’anticorps chez l’enfant que chez l’adulte, mais les réinfections (moins sévères) paraissent aussi moins fréquentes que chez l’adulte.
- Une étude réalisée aux USA confirme les données européennes suggérant une moindre gravité d’Omicron, comparativement aux variants précédents : par rapport à ceux infectés par le variant delta, les enfants infectés par Omicron ont un risque diminué de 16% de consultation aux urgences, de 34% d’hospitalisation, de 65% d’hospitalisation en soins intensifs. A contrario, à Hong Kong, dans un contexte très différent et pour BA2, le risque de complications neurologiques, de laryngites et de séjours en réanimation apparaissait plus important que pour les variants précédents.
- Aux États-Unis, l’efficacité en vie réelle du Comirnaty® contre les hospitalisations associées à Omicron, chez les enfants âgés de 5 à 11 ans, a été estimée à 68% (IC95% = 42-82%).
- Le Spikevax® pédiatrique a obtenu une AMM Européenne pour les 6-11 ans. La dose proposée de 50 mcg correspond à la moitié de la dose ayant l’AMM chez l’adulte en primo vaccination.
Une 4ème dose de vaccin contre la COVID fait partie des recommandations pour les sujets les plus âgés (> 80 ans) et les plus fragiles, une étude ayant suggérée une protection supplémentaire (division significative par 2 du risque d’hospitalisation à un mois, mais non significative après) de cette dose contre Omicron. Beaucoup de professionnels de santé (PS) se pose la question de l’intérêt pour eux d’une 4ème dose de vaccin contre le SARS-CoV-2, nombre d’entre eux ayant reçu leur 3ème il y a plus de 6 mois. Une étude israélienne réalisée chez des PS (dont la moitié avaient plus de 60 ans) montre qu'une 4ème dose est bien tolérée, mais son efficacité est limitée : 30% (IC95% = −9 to 55) pour le Comirnaty® et 11% (IC 95% =−43 to 44) pour le Spikevax®. La comparaison de la réponse humorale induite par la 4ème dose avec celle observée après la 3ème ne montre pas de différence significative : l'immunogénicité maximale des vaccins à ARNm est atteinte après la 3ème dose et la 4e dose ne permet qu’une restauration des titres en anticorps induits par la 3e dose. Dans cette situation, l’intérêt d’un 2e rappel chez des PS en bonne santé reste discuté.
Depuis 2018, soit 5 à 6 ans après la mise en place du schéma vaccinal simplifié 2+1 du nourrisson, le CNR des méningocoques et Haemophilus influenzae, le réseau de surveillance des méningites ACTIV-GPIP (créé depuis 2001) et SPF observent une forte augmentation du nombre d’infections invasives à Hib chez les enfants âgés de moins de 5 ans, passant de moins de 6 cas par an sur la période 2011-2017 à 43 en 2021. L’incidence a augmenté chez les 6-11 mois, 19-35 mois et 3-4 ans. Les 2/3 des enfants étaient correctement vaccinés pour l’âge. Cette augmentation contraste avec la diminution des infections invasives à pneumocoque et à méningocoque du fait des mesures de lutte contre la COVID-19. Cette augmentation des infections invasives à Hib n’a pas été observée dans d’autres pays, notamment ceux qui utilisent un schéma 2+1 débutant à 3 mois. Les solutions envisagées pour limiter le phénomène sont l’administration d’une dose supplémentaire d’un vaccin contenant la vaccination Hib ou de retarder l’âge de la 1ère dose à 3 mois et du rappel à 12 mois.
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