Bulletin n°12 Décembre 2019
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Après avoir consulté professionnels et associations, la Haute Autorité de Santé (HAS) confirme sa recommandation d’élargissement de la vaccination contre les HPV à tous les adolescents (filles et garçons) de 11 à 14 ans (Lien 1). La HAS estime que l’élargissement aux garçons permettrait de prévenir directement des cancers HPV chez l’homme et de freiner la transmission au sein de la population. Elle estime aussi que les bénéfices de l’élargissement de la vaccination à tous les adolescents seraient limités sans une politique vaccinale HPV plus engagée et une proposition vaccinale plus systématique de la part des professionnels de santé. Elle recommande la mise en œuvre d’actions permettant de restaurer la confiance vis-à-vis de la vaccination contre HPV auprès du public et des professionnels de santé.
Cette recommandation, qu’InfoVac salue et soutient, survient dans un contexte de pénurie mondiale des vaccins contre HPV, liée à une demande très supérieure (du fait de l’efficacité des vaccins) aux capacités actuelles de production des deux industriels (Lien 2). Ceci a conduit le groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination de l’Organisation Mondiale de la Santé (SAGE) à exprimer sa préoccupation que ceci puisse entrainer l’échec de l’introduction ou du maintien des programmes de vaccination. Dans ce contexte, le SAGE recommande des stratégies temporaires pour réduire les difficultés d’approvisionnement actuelles, à adapter par les comités de vaccination dans chaque pays, en fonction de la disponibilité des vaccins : suspendre la vaccination des groupes plus âgés et des garçons, intervalles plus longs entre les deux doses…
Ces futures recommandations et prises de position devront intégrer les études publiées ces derniers mois par des équipes indépendantes des firmes, confirmant sur le terrain l’efficacité d’une dose unique de vaccin contre HPV à moyen terme :
- Au Danemark (Verdoodt Clin Inf Dis Mars 2019), une étude d’efficacité sur le terrain retrouve des résultats non statistiquement différents sur la survenue de cancers intra-épithéliaux entre les schémas à 1, 2 ou 3 doses,
- Aux USA, (Markowitz J Inf Dis Nov 2019), une étude montre que la prévention des infections par les génotypes vaccinaux est bonne après 1 dose, et non significativement différente de 2 ou 3 doses,
- En Australie enfin, une étude indique que la prévention des CIN2 et 3 après une dose est non significativement différente de 2 et 3 doses (Brotherton J Papillomavirus Research Aout 2019).
Nous vous conseillons la lecture d’une étude sur la vaccination par voie IM des hémophiles (Hochart A et al Hemophilia 2019 DOI: 10.1111/hae.13808). Elle confirme qu’en respectant certaines précautions, la voie IM (qui suscite une meilleure immunogénicité et induit moins de réactions locales que la voie sous cutanée) est bien tolérée. Les précautions conseillées incluent : une administration matinale (permettant une observation plus prolongée), une aiguille fine, une zone facilement compressible dont la surveillance est aisée (comme le deltoïde ou à défaut la cuisse) et une compression prolongée (10’). Cette attitude n’est pas extrapolable aux autres produits administrables par voie IM (les volumes sont souvent bien plus importants) mais peut s’appliquer pour les vaccins aux autres troubles de la crase sanguine, y compris les traitements anticoagulants.
Deux ans après la mise en place de l’obligation vaccinale, la dernière étude Vaccinoscopie® (Cohen R et al Med Mal Infect, 16 Dec 2019) confirme l’augmentation des couvertures des vaccins obligatoires. Ces augmentations de couvertures s’accompagnent d’un regain de confiance dans la vaccination, comme en témoigne la proportion accrue de mères favorables à la vaccination et la diminution de la proportion de mères contre la vaccination obligatoire. Cependant, l’augmentation de la couverture vaccinale ROR a été plus modérée (+ 4 points en 2019 par rapport à 2017) et n’atteint pas encore 95% à 15 mois. L'hypothèse principale est que les contrôles des vaccinations faites avant l’entrée en collectivité sont plus systématisés que ceux effectués la deuxième année.
L’épidémie de rougeole ces dernières semaines aux iles Samoa, relatée par la grande presse, souligne à la fois la grande contagiosité de la maladie, sa gravité notamment chez l’enfant (70 morts) et l’effet délétère de la baisse des couvertures vaccinales.
Enfin, il est encore temps de vacciner vos patients à risque contre la grippe !!!
InfoVac vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année
Robert Cohen, François Vie le Sage, Isabelle Hau, Marie-Aliette Dommergues, Véronique Dufour, Pierre Bakhache, Pierre Bégué, Joël Gaudelus, Hervé Haas, Odile Launay, Didier Pinquier, Olivier Romain, Georges Thibault, Catherine Weil-Olivier, Claire-Anne Siegrist.
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